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L’entretien d’embauche franco-suédois

Ça y est, vous avez décroché un entretien. Passé le moment d’excitation, vous sentez la pression montée : allez-vous être à la hauteur ?

La préparation à l’entretien d’embauche découle de votre stratégie de recherche. Vous pouvez la décomposer en 2 étapes :
–  Une étape « technique » qui permet de lier vos compétences et aptitudes à la tâche proposée
–  Une étape « relationnelle » lors de laquelle votre objectif est d’amener le recruteur à vous faire confiance.

Rappelons rapidement la préparation de « l’aspect technique » :
–  Rassemblez les informations à votre disposition sur l’entreprise : quelle est sa mission, les valeurs et objectifs qu’elle affiche, qui en sont les experts et les porte-paroles ?
–  Préparez les exemples vous permettant d’argumenter votre capacité à remplir les critères demandés par le poste auquel vous postulez
–  Pensez aux objections que le recruteur pourrait vous opposer et préparez votre contre-argumentation

Passons maintenant à l’entretien d’embauche à proprement parler et comment établir une relation de confiance.

 

Personnalisez la relation avec le recruteur

37956981 - relationship building words on a ball or sphere to illustrate networking and meeting new people in job, career, life or organizations

Le recruteur, comme tout un chacun, a une vision du monde qui lui est propre. Il privilégie, souvent totalement inconsciemment, certains comportements, certains contextes avec et lors desquels il se sent en confort. Il a sa propre compréhension des objectifs de l’entreprise et de la façon dont le poste pour lequel vous postulez s’inscrit dans l’atteinte de ces objectifs.

Comme vous l’avez fait pour l’entreprise, faites des recherches sur la personne que vous allez rencontrer :

–  Qui est cette personne ? D’où vient-elle (études, emplois précédents) ? Quels sont ses hobbys ? Il ne s’agit pas d’en faire votre ami mais de vous synchroniser avec elle, d’établir un rapport collaboratif et l’amener à vous faire confiance.
–  Elle est sportive ? Vous pouvez employer un vocabulaire sportif pour lui appuyer vos propos lors de l’entretien. Vous êtes diplômé de la même école ou avez des hobbys en commun ? Orientez vos exemples vers cette zone. Cela lui parlera.

Votre objectif est que l’entretien d’embauche soit une discussion, non un interrogatoire.
Pour cela, n’hésitez pas à donner : que feriez-vous comme membre de l’équipe si vous étiez déjà en poste ?
Cette discussion et les questions que vous soulèverez démontreront à la fois vos compétences et votre intérêt pour l’entreprise.

 

Restez vous-mêmes, ne vous sur-adaptez pas

« Cela ne va pas fonctionner, je ne parle pas Suédois », « Je dois faire absolument comme les Suédois ». C’est quoi « faire comme les Suédois » ? J’ai entendu « rester tranquille sur ma chaise », « ne pas parler avec mes mains ou trop fort », « ne pas me mettre en avant »… Pourtant, même en suivant ces règles, l’entretien n’a pas donné suite.

Nous sommes tous d’accord pour dire que la diversité permet d’innover. Il faut cependant un sacré courage pour oser la diversité car une diversité mal gérée peut provoquer des échecs coûteux pour les entreprises et leurs collaborateurs. Les recruteurs privilégient donc souvent des personnes qui ressemblent déjà aux collaborateurs présents dans l’entreprise, le risque étant moins grand. Vous ne pourrez bien sûr pas imposer votre présence si leurs craintes sont trop grandes mais vous pouvez les amener à écouter. Comment ? N’adaptez pas votre personnalité mais adaptez vos messages aux codes connus et compris par vos interlocuteurs.

L'entretien d'embauche franco-suédois

Adaptez vos messages pour qu’ils soient entendus et compris

La « culture » est l’ensemble des normes, des comportements mis en place au sein d’un groupe pour assurer l’entente de ses membres. Elle nous permet de partager une vision commune du monde et de savoir implicitement comment se comporter. Le hic est que nous ne nous en rendons pas compte. Posez-vous la question « Pourquoi ? » à chaque fois que vous répondrez « C’est comme ça ».

6 dimensions permettent de considérer les cultures* : le rapport à la hiérarchie, l’individualisme vs le collectivisme, une préférence vers la performance ou les relations humaines, le rapport à l’incertitude, le rapport au temps et une préférence à l’indulgence ou la contrainte. Sans entrer dans le détail, voici quelques tips pour vos entretiens en Suède :

  1. La France et la Suède ont des perceptions opposées de la hiérarchie et de sa fonction. Quand le chef français doit prendre les décisions, piloter ses collaborateurs et être le garant des résultats, la Suède, quant à elle, vante une hiérarchie de convenance. Le contrôle n’est pas apprécié, le pouvoir est décentralisé et les salariés entendent être consultés.

Démontrez par des exemples concrets votre capacité d’autonomie et votre engagement à accomplir votre tâche.

Attention, le rapport au temps est plus flexible. Les heures supplémentaires appréciées en France pour démontrer sa motivation sont ici un mal nécessaire en cas de forte charge de travail.

  1. La culture française vante la performance, la compétition et l’excellence; la Suède préfère les relations humaines, d’où le consensus, le « lagom» et l’égalité entre les individus.

Bannissez les exemples au sein desquels vous apparaitriez comme le héros solitaire venant secourir toute une équipe. Jouez l’esprit de corps, racontez comment toute l’équipe est parvenue à atteindre son objectif.

  1. L'entretien d'embauche franco-suédoisLa Suède apprécie le silence et la discrétion. Le contrôle des émotions est demandé en toutes circonstances pour le bien-être commun alors qu’en France, les émotions se lisent à livre ouvert.

Vous ne pouvez empêcher vos émotions de s’exprimer. Vous risquez de parler fort parce qu’emporté par votre motivation ou de parler avec vos mains? Dites-le. Vous montrerez ainsi que vous êtes conscient de la manière dont vous pouvez vous comporter en certaines occasions et que cela peut surprendre voire agacer dans des environnements où les émotions sont moins palpables.

Préparez également des exemples d’échecs, de conflits dans vos expériences passées et relatez ce que vous en avez retiré en pensant aux codes de la culture suédoise.

Nous ne sommes pas définis par notre culture. Nous sommes tous différents et la manière dont nous réagissons à la culture est propre à chacun. Cependant, nous ne pouvons pas nous défaire complètement des valeurs qui nous ont été inculquées. Une connaissance culturelle vous permettra de décoder plus rapidement ces codes auxquels vous et votre interlocuteur répondez.

Posez des questions

N’hésitez pas à questionner vos interlocuteurs sur la culture de l’entreprise pour laquelle vous postulez : est-elle locale, multinationale ? Y-a-t-il une culture dominante ?

Par ailleurs, quelles sont les valeurs de l’entreprise, celles qui font que les collaborateurs viennent travailler chaque matin sans une boule au ventre ?

Prenez des contacts dans l’entreprise. Cela démontrera votre motivation à faire partie de l’organisation ; Vous serez aussi plus à même de juger si cet univers vous permettra de vous épanouir au quotidien.

Stressé de ne pas être Suédois ? Votre recruteur sait que vous n’êtes pas un « local ». Il l’a su dès l’identification de votre nom sur votre CV et, pourtant, il vous a contacté.

A vous de jouer !

*Modèle Hofstede itim.org

Article publié sur Le Petit Journal, édition de Stockholm